A la recherche de l'oiseau rare

Voyage Ornitho – Steppes d’Extremadure et Coto Donana (part.1 Monfrague, Extremadura)

C’est avec un léger gout de revanche que nous repartons pour les terres espagnoles d’Extremadure et d’Andalousie. C’est en septembre 2013 que nous avions fait notre premier voyage dans ces contrées riches en avifaune (voir Extremadure et Andalousie en Septembre). La chaleur écrasante de cette fin d’été, le manque d’eau du parc Donana et la mécanique hasardeuse de notre camping car n’avait pas rendu la tâche facile.

Pour cette fois nous nous sommes donnés une semaine pour aller du Parc Monfrague jusqu’au célèbre Coto Donana, nous traverserons les steppes de Trujillo et Caceres à la recherche de la Grande Outarde, nous visiterons la ville de Mérida, entre birdwatching et vestiges romains, puis le delta du Guadalquivir nous dévoilera toutes ses merveilles.

Comme d’habitude je vous met sur la droite de l’article les ouvrages utilisés pour préparer ce voyage et comme d’habitude le Gosney n’est jamais loin. Egalement un guide édité par le gouvernement d’Extremadura que je vous met en téléchargement.

C’est non sans excitation qu’en ce 18 avril 2017 nous atterrissons à Séville .. hop saut de l’avion, voiture récupéré, direction plein nord vers le Parc Naturel de Monfrague. Au passage nous nous arrêtons proche de l’autoroute vers Monesterio ou quelques steppes nous permettent de tester notre nouveau bijou, une combinaison Canon 7D Mark II avec un Sigma 150-600 mm, un régal ! Les champs labourés sont les plus riches, outre les classiques Guépiers d’EuropeBruant Proyer et Alouette Calandre nous croisons la route de quelques Ganga Unibande.

Premiers essais du Sigma 150-600 mm vers Monesterio

Parc Naturel de Monfrague

Falaise du salto del Gitano, cigognes noires au rendez vous.

C’est le lendemain que les choses sérieuses commencent. C’est au printemps que le Parc naturel Monfrague est le plus intéressant, la diversité des milieux (dehesas, canyons de basse montagne, forets) est en soi intéressante et abrite une belle diversité d’espèces. On dénombre en effet un peu moins de 300 couples de vautour moines, un trentaine de couples de vautour percnoptères et quelques cigognes noires. Toutes ces espèces sont visibles au nid pendant la période printanière, et même si vous ne disposez pas de matériel de compétition, vous trouverez à toute heure de la journée des groupes d’amateurs d’oiseaux prêts à vous montrer leurs trouvailles. En cette journée d’avril, un couple de Cigognes noires niche dans la falaise qui fait fasse au chateau de Monfrague. Deux Faucons pèlerins et autres Aigles bottés font de brèves apparitions et de nombreux passereaux et Monticole bleu s’agitent ça et la, laissant de belle opportunités pour s’exprimer avec le 600 mm Sigma.

Cigogne noire en vol, il faut un sacré coup d’œil pour repérer le nid !
Troglodyte mignon
Serin cini
Monticole Bleue

En continuant sur la route principale, nous arrivons au spot « Portilla del Tietar », un attroupement de longue vue nous indique qu’il se passe quelque chose, c’est un couple de Vautour Percnoptère qui niche dans la falaise, nous passons quelques minutes à observer lorsque le mot magique retentit de la bouche d’un des guides du Parc .. Aquila ! le rarissime Aigle Ibérique vient tirer quelques pompes juste au dessus de nous, il vient se frotter à un Vautour fauve pour le plus grand plaisir de notre album photo, et hop .. une nouvelle espèce dans la besace et quelle espèce, l’Aigle ibérique longtemps considéré comme une sous espèce de l’Aigle impérial est un des rapaces les plus rares au monde, on dénombre environ 250 couples dans toute la péninsule ibérique et environ 90 couples dans le sud de l’Espagne. Fort heureusement des programmes de réintroduction mis en place depuis les années 60 ont très bien fonctionné (on dénombrait uniquement 60 couples à l’époque).

L’aigle ibérique se livre à un combat avec un vautour fauve .. qui va l’emporter ?

Nous prenons le parti de passer l’après midi sur la petite route qui mène au village de Toril. Sur la route principale du parc, suivez la direction Ruta Rosa (route à droite). Une piste traverse la dehesas sur environ 11 km jusqu’au village de Toril. Ponctué de points d’eau, chênes lièges, ce paysage typiquement ibérique fait parfois un peu penser à la savane africaine. Pas de lions ni de léopards cette fois ci mais une avifaune typiquement méditerranéenne dans un environnement très agréable. Tour à tour, Bruants ProyerPipit rousselineHuppe fasciéGuêpiers d’Europe et Pie-Grièche à tête rousse se succèdent dans l’objectif de notre appareil photo.

Pie-grièche à tête rousse, Guêpier d’Europe, Huppe fascié et Bruant Proyer en nombre le long du chemin de Toril
Perdus dans la dehesa, les points d’eau aux alentours sont un havre de paix pour les cigognes et les tortues

Nous passons la soirée au sud de Saucedilla (Arrocampo), une zone humide formée par le barrage du même nom. Bien que difficile d’accès, quelques belles observations dans cette zone, pour en citer quelques unes, Aigle botté (1), Bouscarle de Cetti (1), Busard des roseaux (1), Cisticole des joncs (1), Faucon crécerellette (7), Héron pourpré (4), Hirondelle rustique (20), Pie-grièche méridionale (1), Spatule blanche (3), Sterne hansel (10) et Tarier Pâtre (1).

Le bruant proyer fait retentir sa « trille » bien caractéristique

Steppes de Trujillo – Caceres

Grande Outarde au rendez vous sur la Caretera de Belen-Cortijo

Nous nous réveillons ce matin avec un compagnon assez familier de l’ornitho, le froid. Nous ne l’attendions pas pour ce voyage et pourtant il fait à peine 10°C lorsque nous arpentons les steppes de Belen à la recherche du Graal, la Grande Outarde, espérons que cette fois c’est la bonne, nous étions reparti bredouille en 2013 lorsque nous étions passé dans cette zone. Allez ! motivé, cette fois c’est la bonne et ni le froid ni le vent ne mettra à mal notre motivation. La meilleure stratégie pour visiter la zone est d’emprunter la Caretera de Belen-Cortijo et de s’arrêter au grès des observations. Tels de petits faucons, les Alouettes Calandre s’envolent ça et la, quelques zones humides abritent des Échasse blanches et Grèbe castagneux. Les Outardes Canepetières sont au rendez et vous et Vautour fauves et Vautour moine surveillent la zone. Environ 7 km après le village de Belen, une piste sur la gauche parait prometteuse, nous l’empruntons et au loin, une grosse boule de plumes arbore les couleurs de la Grande Outarde, longue vue sorti, c’est confirmé, 3 Grandes Outarde dont 1 mâle en parade nous offre un magnifique spectacle de vie sauvage. Toujours un moment inoubliable que de trouver une espèce que nous n’avions pu que fantasmer sur le guide ornitho.

Sur les conseils du guide de Dave Gosney, direction Trujillo, les arènes de la ville abritent une colonie de Faucon crécerellettes, de belles photos en perspectives.

Faucon crécerellette aux arènes de Trujillo

Dans le cœur historique de la ville, une visite du château permet de faire des photos des cigognes en nidification, le tout sur fond de monuments historiques et steppes environnantes.

Forteresse de Trujillo
Nidification des cigognes sur la forteresse de Trujillo

Nous filons direction nord sur la route CC-128, après une halte au barrage de Casillas. De nouveau, sur le côté droit de la route, une silhouette se détoure sur fond de ciel, la Grande Outarde, cette fois ci un peu plus proche, en tous cas suffisamment pour faire quelques photos. Super moment ! d’autant que les outardes sont bien accompagnés sur cette route, Alouette calandre (2), Busard cendré (7), Busard des roseaux (1), Guêpier d’Europe (1), Outarde canepetière (1) et Perdrix rouge (2).

Grande Outarde près d’une ferme sur la route CC-128.

Quelques kilomètres plus loin, la route plonge vers deux canyons encaissé qui nous protègent des intempéries, plutôt agréable après une journée dans le froid et le vent. Le paysage se transforme peu à peu en passant de steppe à dehesas. Nous faisons une halte au niveau du Rio Amonte (canyon juste après Sante Marta de Magasca). De nombreuses hirondelles piochent dans la boue de la rivière pour la construction de leurs nids (Hirondelle de fenêtre (10), Hirondelle de rochers (20), Hirondelle rousseline (2), Hirondelle rustique (20)), un étroit chemin longe le cours d’eau pour déboucher sur une petite retenue d’eau bordée de roseaux dans laquelle règne une ambiance plutôt intimiste. De quoi faire communion avec les passereaux Bouscarle de Cetti (1), Serin cini (1), Tarier pâtre (1) autres mésanges et pinsons s’agitent à l’abri du canyon.

Nous rejoignons le plateau et nous pénétrons dans la « Zona de Interés Regional Llanos de Cáceres y Sierra de Fuentes« . Ici et la des nichoirs suspendus aux poteaux électriques font le bonheur d’une famille de chouettes chevêche, de nouveau la Grande Outarde nous fait honneur de sa présence.

Une famille de chouette chevêche a élu domicile dans un des nombreux nichoirs
Les perdrix rouge filent en bord de route, parfois avec leurs tripotés de petits

Nous passons la nuit au village de Torreorgaz, les steppes alentours sont assez réputés et de nombreuses pistes partent tout autour du village. Au petit matin, il ne faudra pas bien longtemps avant de trouver de nouveau la Grande Outarde.

Au milieu des troupeaux de vaches, une femelle Grande Outarde nous surveille d’un œil

Elle côtoie le cortège désormais habituel de la steppe, Alouette calandre (4), Alouette calandrelle (2), Bruant proyer (20), Busard des roseaux (1), Chardonneret élégant (4), Cisticole des joncs (2), Cochevis huppé (1), Étourneau unicolore (20), Faucon crécerellette (2), Grande Outarde (2), Huppe fasciée (2), Rollier d’Europe (1), Tarier des prés (1), Traquet motteux (4).

Après un bref passage vers Montanchez, nous rejoignons la ville de Merida, ou un pique nique au bord du fleuve Guadiana nous révèle quelques surprises … A voir dans le prochain épisode.

2 Comments

  1. Philippe Heitz

    Super ton article, on s’y croirait. Vivement la suite. Et pourquoi pas une petite video qui accompagnerait bien le reportage?

  2. Jean-Marie Vandelannoitte

    J’ai lu avec d’autant plus d’intérêt votre résumé très didactique que dans quinze jours j’y serai !
    Je garde le lien dans l’ordi que j’emporterai avec moi.
    Merci de votre contribution.
    Jean-Marie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2024 birdwatching-blog

Theme by Anders NorenUp ↑