A la recherche de l'oiseau rare

Equateur Ornitho – Partie 1/3 – Cloud Forest

Bousculer ses repères, c’est la première idée qui me vient lorsque j’entame cet article, mais quels repères me direz vous ? Ceux acquis depuis l’enfance, le chant d’une mésange charbonnière, la silhouette d’un aigle royal au loin, les couleurs du guêpier d’Europe … la France et ses quelques 570 espèces que l’on côtoie depuis l’enfance, avec qui nous avons grandis.

Il en faut peu pour bousculer ses repères, quelques heures d’avion, arrivée à Quito, puis la foret de nuages, le pacifique, les Andes, du rouge du vert du bleu des silhouettes inconnues, des familles entières jamais observées .. bref un nouveau monde a découvrir, a portée de jumelles. Pourquoi choisir l’Equateur ? Et bien tout d’abord pour la taille du pays, relativement petite et une concentration de milieux différents assez forte (la cote, le paramo, la foret de nuages, …) tout autant de milieux abritant une biodiversité hors norme. Autre raison, le pays dispose des meilleures infrastructures routières d’Amérique du Sud, pratique quand on sait que la moitié du voyage se fait dans la voiture.

Nous voila donc parti, comme d’habitude un itinéraire a peu près en tête, une voiture type 4×4 loué via l’agence toutequateur.com, merci à Léon pour sa réactivité et ses bons plans.

Une douzaine de jours, voila le crédit temporel qui nous est alloué pour faire l’itinéraire suivant: départ de Quito, cap vers l’ouest pour passer quelques jours dans la « Cloud Forest », puis direction la cote Pacifique pour arpenter les « Bosque Seco » ou forets sèches, l’île de la Plata et les marais de Guayaquil. Enfin retour dans la montagne pour la vallée des volcans. Beau programme !

Pour la préparation du voyage, je recommanderai les ouvrages suivants:

Birding Northwest Ecuador de Steven L. Herrmann, un bon guide qui donne les principaux lieux d’intérêts ornithologique du Nord Ouest du pays, on y trouve des contacts et beaucoup de lieux sont décrits, on peut cependant déplorer la piètre qualité des cartes (parfois à peine lisibles).

FieldBook of the Birds of Ecuador de Miles McMullan et Thomas Donegan. Un guide d’identification, le meilleur pour le pays, et peut être le meilleur guide de terrain que je connaisse, un descriptif des espèces qui va droit à l’essentiel, des cartes de répartition très précises, le tout dans un format poche et souple de 224 pages.

Malheureusement, ce dernier est indisponible depuis plusieurs années désormais. Il peut être remplacé par le Helm Field Guide :

Deux autres sources d’informations, la liste des IBAs de l’Equateur (Important Bird Areas) du pays, et le site cloudbirders.com

Puis un guide fait maison qui regroupe les 60 espèces d’oiseaux les plus communs d’Equateur (basé sur des données e-bird).

Les pentes Ouest de la Cordillère des Andes – Cloud Forest

La foret de nuages ou « Cloud Forest » en anglais, l’évocation du nom fait déjà rêvé. Ces forets tropicales sont généralement situées entre 1000 et 3000 mètres d’altitude, bien souvent couvertes d’une brume épaisse, le taux d’humidité y est très élevé et les écarts de température sont assez faibles. Chaque tranche d’altitude dispose de son propre biotope que ce soit au niveau de la flore que de la faune. Ces écosystèmes sont souvent considérés comme les plus riches de la planète … et nous en avons eu confirmation.

Ecoruta Paseo del Quindo

Nous empruntons dans un premier temps la route entre Nono et Mindo ou « Ecoruta Paseo del Quindo », qui serpente entre les vallées. Elle donne un bel aperçu de ce que peut offrir la foret de nuages avec la famille des Tangaras (Tanagers en anglais) qui à elle seule a vite fait de faire saturer le capteur de l’appareil … Toutes les observations sont reportés sur la carte ou accessibles sur birdingnotebook – Ecoruta Paseo del Quinde.

Calliste Doré (Golden Tanager) sur l’Ecoruta
Organiste à ventre jaune (Orange-bellied Euphonia)
Cincle à tête blance (White-capped Dipper)
L’Ecoruta trace son chemin dans la « Cloud Forest » entre cours d’eau et falaises vertes

Paz de las Aves

Après quelques dizaines de minutes de recherche la Grallaire Géante (Giant Antpitta) répond à ses congénères humains (les frères Paz).

Dans les alentours de Mindo, de nombreux lodges permettent aux touristes de trouver un hébergement de qualité et des guides expérimentés pour parcourir la forêt. Bien que plutôt favorable au fait de se débrouiller tous seul, nous avions réservé au préalable 2 nuits au Refuge « Paz de las Aves » , et très franchement sans regrets. Pour une centaine d’euros par personne les frères Paz nous font arpenter de multiples chemins. Leur spécialités, les Grallaires (Antpitta en anglais), Ces petits bestiaux (sorte de passereaux haut sur patte) sont présents toute l’année dans la forêt et sont très peu mobiles. Les frères Paz ont réussi le tour de force d’apprivoiser (ou semi apprivoiser) quelques individus. L’imitation de leur chant et quelques fruits ont vite fait d’appâter les bestiaux pour le plus grand bonheur des photographes.

Grallaire à poitrine jaune (Yellow-breasted Antpitta)

Au niveau du refuge (plutôt confortable), les mangeoires à colibri sont pleines de sucre et un va et viens de dizaines d’espèces différentes nous occupe quelques heures … dur dur quand on est pas connaisseur d’arriver à tout identifier, on peut citer en vrac Ariane à ventre gris, Ariane de Francia, Brillant rubinoïde, Colibri de Jardine, Colibri de Mulsant, Colibri moucheté, Haut-de-chausses à palettes, Inca brun, Piranga vermillon et Sylphe à queue violette. Au delà des colibris, les mangeoires de fruits attirent énormément d’espèces (Cabézon toucan, Calliste à nuque d’or, Grimpar géant, Pic de Rivoli, Tangara à nuque jaune, Tangara évêque, Tohi leucoptère, Troglodyte à poitrine grise). Toutes les photos et observations sur birdingnotebook – Paz de las Aves.

A la mangeoire du refuge le Cabézon Toucan (Toucan Barbet) ne fait qu’une bouchée des fruits de la mangeoire.
Des dizaines de colibris sont attirés par les « bebederos » dont le Sylphe à queue violette (Violet-Tailed Sylph)

Dans une zone située un peu plus haut en altitude nous passons une matinée sur un sentier fort agréable, à la recherche du Toucan Montagnard, comme d’habitude c’est au moment ou nous déclarons forfait que l’animal montre le bout de sa queue. Voir l’expédition sur birdingnotebook.

Le très rare Toucan Montagnard détecté par notre guide Rodrigues.
Le Pénélope Panaché (Crested Guan) dans un des chemins de la propriété des frères Paz

Sur un autre chemin, plutôt ingrat cette fois nous trouvons une autre spécialité locale, le Pénélope Panaché (Crested Guan) accompagné du Piaye écureuil (Squirrel Cuckoo), Pione à bec rouge (Red-Billed Parrot) et Trogon masqué (Masked Trogon).

Le Piaye écureuil (Squirrel Cuckoo) s’est adapté à tous les types de forets du pays
Au détour d’un autre chemin, le très rare Cotinga Ecaillé (Scale Fruiteater)

Mais le clou du spectacle c’est probablement le « Coq of the Rock lek », traduisez « la parade des Coq de Roche ». En période des amours cette espèce très démonstrative se rassemble en groupe d’une trentaine d’individus, les mâles se livrent à des parades matinales. Une plateforme aménagée permet de s’approcher de cet oiseaux exceptionnel.

Le Coq Of The Rock lek (ou parade des coq de roche) au Paz de las Aves

Milpe et Rio Silanche

Des images plein la tête nous quittons les frères Paz en direction de la cote, une première halte nous amène vers Milpe puis Rio Silanche. A l’entrée de la réserve de Milpe, des bebederos nous occupent un moment (Ariane à ventre gris, Colibri jacobin, Coquette de Langsdorff et Dryade de Fanny) et une famille entière de Toucan Tocard s’attaque aux fruits à l’aide de leurs becs ultra puissant. Un peu plus loin sur la route qui mène à Puerto Quito, le « Santuario de Aves Rio Silanche » nous réserve de belles surprises. Deux Ara verts nous survole sur la route qui mène au sanctuaire, deux Piones Noires se laissent photographier et dans la famille des rapaces la Buse à gros bec et le Macagua Rieur sont de la partie.

Ce sera uniquement à l’aide des photos que nous identifierons ces deux Ara Vert
Deux Piones Noires se laissent approcher facilement
Le Macagua rieur et son masque de Zorro

La suite du voyage sur la côte Pacifique.

2 Comments

  1. Thelliez Jean-Philippe

    Bonjour,

    Merci pour ces CR très intéressants.
    Pour ce voyage un 4×4 est il vraiment obligatoire ?
    Merci
    Cordialement
    JP Thelliez

    • Manuel Heitz

      Bonjour, merci pour votre commentaire, globalement je dirais pas forcément, on aurait pu faire avec une berline classique. Le 4×4 s’est avéré utile lors de la montée sur le volcan Chimborazo (piste mais bien entretenu quand même) et de mémoire sur quelques sorties de route improvisées.

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