Il ne s’agit pas ici de la Camargue, la baie de Somme ou le lac du Der-Chantecoq. Nous sommes loin de la densité de ces lieux très prisés mais cet article démontre que la rareté est parfois là ou on ne l’attend pas.Le chemin d’Ampouillac se situe sur la commune de Cintegabelle (Haute-Garonne). Il s’agit en réalité d’une petite route goudronnée longue de 7km reliant Cintegabelle à Saverdun en Ariège.
Même si quelques terrains sont habités sur les premiers kilomètres , des champs cultivés (blé, maïs, tournesol) bordent le chemin sur quasiment toute sa longueur. Le relief est parfaitement plat. Côté Est, l’Ariège serpente le chemin à quelques dizaines de mètres et au niveau du château d’Ampouillac, se trouve une gravière… A l’arrière plan, les machines d’extraction sont encore actives mais aux abords du chemin, une zone en fin d’exploitation a formé un étang…
La gravière (dite gravière d’Ampouillac) est grillagée sur son pourtour et est donc parfaitement inaccessible. Cette particularité permet à la faune de trouver une certaine quiétude permettant la nidification du grèbe huppé et du foulque macroule.
Au delà des espèces les plus communes comme le héron garde bœuf, le héron cendré, l’aigrette garzette ou la grande aigrette, la gravière attire des espèces plus remarquables : le balbuzard pêcheur est de passage en migration post et prénuptiale: l’espèce a été contacté en Octobre et Novembre 2014 et un individu a fait une halte d’au moins trois jours mi-Avril 2015 en conservant pendant tout son séjour le même poisson dans ses serres (voir photo ci-dessus).
Toujours en période migratoire, le Petit Gravelot, le Chevalier Gambette, Culblanc et Guignette sont bien représentés. La Sterne Pierregarin est également de passage. A noter également un comportement nicheur de l’Échasse Blanche fin Avril 2015 (on sait que cet oiseau niche non loin d’ici au Domaine des Oiseaux près de Mazères).
Comme bien souvent sur les étendus d’eau, les mois d’hiver réservent les sorties les plus fructueuses avec la présence d’oiseaux venus du nord. Les quatre espèces de canard sont présents avec par ordre décroissant de densité: le Colvert, le Souchet (entre 10 et 20 individus), le Chipeau (de 2 à 8 individus) et le Pilet (4 individus début Mars 2015). Les Oies Cendrés peuvent se regrouper en grand nombre pendant l’hiver (environ 150 individus mi-Janvier 2015). Mais il s’agit d’animaux introduits qui proviennent du Domaine des Oiseaux à Mazères (09). A noter tout de même la présence d’une Bernache Nonnette parmi le groupe d’oies qui à priori n’est pas un individu introduit. Cette observation laisserait penser que le groupe d’Oies de Mazères est renforcé en hiver par des individus migrateurs…? Des observations plus anciennes font étât de la présence de Courlis cendrés et de 2 Grues cendrées (Sylvain Reyt Janvier 2011) et plus surprenant encore une Grande Outarde équipée d’une balise géolocalisée a séjourné sur la gravière d’après le site LPO (voir l’article ‘Migration of bustards’).
En continuant direction Saverdun, à environ 500m de la gravière, les champs cultivés font place à une rare zone laissée en friche, très attractive pour les passereaux. Le Bruant Proyer est un résident permanent. La Fauvette Grisette y est nicheuse probable, la Cisticole des Joncs de passage. Non loin de là, en bordure d’Ariège, le Loriot d’Europe est nicheur certain (un couple et deux jeunes longuement observés le 14 Juillet 2015). Toujours en continuant vers Saverdun, les derniers champs voient parfois de forts regroupements de Vanneaux huppés et Pluviers Dorés en période hivernale.
Après plus d’un an de sorties régulières, je pensais avoir fait le tour des espèces nicheuses mais c’était sans compter sur cette sortie estivale au petit matin où la Chevêche d’Athéna a fait une apparition inattendue. Le couple nicheur est observé pour la première fois fin Juin 2015 aux abords de la ferme (voir carte). Par la suite et jusqu’à fin Juillet, le couple et certains jeunes sont bien visibles. Malheureusement, je n’ai pu faire aucun relevé au mois d’Août. Par conséquent, impossible de savoir leur date exacte de départ. Toujours est-il qu’à mon retour de congés début Septembre, la petite famille avait déjà déserté son habitat estival.
De manière plus ponctuelle, les plus chanceux pourront observer des espèces qui font des apparitions plus rares. C’est le cas par exemple du Tadorne de Belon (un individu observé durant cette journée pluvieuse du 30 Novembre 2014) ou encore du Busard Saint Martin (observé à 4 reprises entre Mai 2014 et Septembre 2015), du Busard Cendré (un individu mâle observé le 14 Avril 2015) ou du Faucon Hobereau présent en migration post et pré-nuptiale. Parmi les passeraux, le Rougequeue à Front Blanc était de passage le 4 Avril 2015 et le Pinson du Nord se fond parmi les groupes de Pinson des Arbres en hiver.
Toutes les observations reportées dans cet article sont issues de sorties régulières (en moyenne une sortie chaque deux semaines) entre Mai 2014 et Septembre 2015. Il s’agit donc d’une pression d’observation modérée, et pourtant, la variété d’espèces contactées est relativement importante dans cet endroit qui à priori ne laisse pas penser à une telle diversité. Alors s’agit-il d’une exception locale ? Les alentours recèlent-ils les mêmes trésors ?
Toutes les observations du Chemin d’Ampouillac sont disponibles sur Birding Notebook.
Bel article, qui donne envie de faire une nouvelle expé. ^_^
Ah c’est sur c’est pas le spot du siècle mais on est rarement déçu quand on fait une sortie sur le chemin d’Ampouillac.