Autant la « Cloud Forest » est un milieu bien connu des touristes naturalistes du monde entier, autant la côte Pacifique n’est pas le premier lieu auquel on pense pour une visite de l’Equateur.
C’est pourtant quelques 500 km de cote pacifique qui nous attendent pour la suite de notre périple. Pour ceux qui auraient raté la première partie je vous mets le lien ici : Equateur ornitho – Partie 1/3 – Cloud Forest.
Tout d’abord la carte des spots visités sur la côte Pacifique
Les lagunes de Pedernales
Nous attaquons cette section à Pedernales petite ville qui a été très touchée par un tremblement de terre assez violent en avril 2016. Espérons que pour ces quelques jours la terre reste sous nos pieds et que le ciel ne nous tombe pas sur la tête … après une nuit passée en compagnie de quelques geckos, le responsable de l’hôtel nous indique quelques lagunes qui ont l’air prometteuse, ni une ni deux, ventre rempli de fruits et d’œufs, valises chargés, nous filons tous droit dans les lagunes au nord de la ville. Il ne faut pas longtemps pour trouver les premiers spots intéressants … et encore de nouvelles espèces bien différentes de la Forêt de nuages. Sur l’eau, Canard des Bahamas (3) et Sarcelle à ailes bleues (3) se partagent l’espace … dans les vasières Courlis corlieu (2), Chevalier grivelé (1) et Échasse d’Amérique (30) s’agitent, au loin une Sterne Royale et des grands regroupements de Pélican Brun semblent surveiller la scène du coin de l’œil. Dans les arbres alentours nous ne mettons pas trop longtemps pour identifier Colombe à bec jaune (1), Colombe de Verreaux (1) et Fournier variable (3). Enfin une vingtaine de Pione à bec rouge traverse nos optiques.
Bosque Seco Lalo Loor
La cote pacifique est également caractérisée par la présence de forêts sèches .. contrairement au forets de nuages, ces milieux ont une pluviométrie très faible et se situent à des altitudes basses. On y trouve d’autres essences d’arbres et un microcosme encore très différent. Direction donc le « Bosque Seco Lalo Loor », ce lieu est recensé parmi les IBA (Important Bird Area) d’Equateur. En plus des oiseaux il abrite une colonie de singes hurleurs. Nous ne tarderons pas à les trouver … nous empruntons le chemin qui monte jusqu’à un point de vue. La réserve est plutôt bien équipée un guide à l’entrée pourra vous donner des cartes et des prospectus avec les espèces que l’on peut rencontrer. Je vous mets ici la fiche des oiseaux (les mammifères et reptiles sont accessibles via la carte google maps en début d’article).
Toujours difficile dans ce genre de milieux de trouver et d’identifier les oiseaux, la forêt offre de nombreuses cachettes et on se retrouve souvent à regarder en l’air à contre jour … mais on ne se décourage pas et l’observation des singes hurleurs est un spectacle saisissant … une famille entière vaque à ses occupations à quelques mètres de nous, notre présence ne semble pas les déranger du tout.
Niveau oiseaux, la promenade est marquée par la vision du Motmot houtouc ou « blue crowned motmot », superbe oiseaux coloré à longue queue, sinon en vrac Bécarde unicolore (1), Cardinal à tête jaune (1), Grimpar de Souleyet (1), Grimpar enfumé (1), Jacarini noir (1), Milan à queue fourchue (2), Paruline de Fraser (5), Sporophile à bec fort (2), Sporophile variable (6), Tangara à épaulettes blanches (1) et Tangara guira (1). Toutes les photos sur birdingnotebook.
Bahia de Caraquez
Parmi les nombreuses IBA (Important Bird Area) de la côte, celles situées autour de Bahia de Caraquez retiennent notre attention, en effet trois IBAs sont identifiées autour de cette ville, nous nous concentrons sur la zone humide la Segua (à l’est de Bahia). Notre passage sur la route qui mène au village de Puerto Larrea nous laisse déjà penser que nous avons fait le bon choix. Un incroyable rassemblement de Milan des Marais nous coupe le souffle, jamais de notre vie nous avions assisté à un rassemblement de rapaces aussi impressionnant … nous dénombrons pas moins de 400 individus rassemblés dans les marais artificiels. Toutes les photos sur birdingnotebook.
Apres quelques tâtonnements sur la route (l accès aux berges du lac n’est pas évident) nous accédons à une petite réserve proche de la Segua (cf. carte), le chemin s’appelle « Sendero los caimanes », un élevage de caimans et des bassins d’élevage de crevettes se situent le long du sentier. Le lieux est incroyablement riche, probablement la plus forte diversité jamais rencontré … nous dénombrons pas moins d’une quarantaine d’espèces sur le sentier et dans le lac sur lequel il débouche et en seulement 2 heures de temps .. Incroyable ! Parmi les espèces les plus marquantes, on pourra citer le Moucherolle vermillon (Vermillion Flycatcher) et son rouge pétard, ce couple de Toui Céleste (Pacific Parrotlet) qui se pose sur un buisson à deux mètres de nous ou encore le plus familier Balbuzard Pêcheur (Osprey) qui fidèle à lui même attend le poisson sur son piquet.
Isla de la Plata
Une journée entière est consacrée à la visite de l’île de la Plata .. également surnommé Galapagos des pauvres … on trouve en effet certaines similitudes avec les célèbres îles de Darwin … des colonies de fous à pieds bleus (blue footed booby) et fous à pied rouge (red footed booby) notamment mais également la présence de l’Albatros des Galapagos (Waved Albatross) – nous n’en verrons pas lors de notre visite car ils sont situés sur une section de l’île qui n’est pas accessible aux touristes. Comptez 45 euros par personne pour la traversée (environ 2 heures de bateaux depuis Puerto Lopez), les départs sont quotidien et pas besoin de réserver en tous cas en basse saison. Une fois arrivé sur l’île la présence de plusieurs guides permet aux touristes de se scinder en plusieurs groupes en fonction des parcours souhaités .. nous choisissons de faire le grand tour, soit 2 heures de marche … sous 38°C à l’ombre mais en fait y’a pas d’ombre. Un peu ambitieux quand même ! Jean Luc ne contredira pas … Mais bon on sait déjà que le trip se termine par une plongée avec masque et tubas .. on se rafraîchira après. C’est parti pour la découverte de la Isla de la Plata. Ce qui frappe en cette saison (fin Janvier) c’est la sécheresse, tous les arbustes semblent mort, le guide nous explique que c’est parfaitement naturel, le feuillage des buissons réapparaît lors de la saison humide au printemps. Après une grimpée assez conséquente, il ne faudra plus fournir beaucoup d’efforts pour apercevoir les Fous à pied bleues puisqu’ils nichent au bord du chemin. Les couples sont clairement formés et les petits sont assez grands (quelques semaines).
Les falaises alentours offrent des points de vue superbe sur l’ensemble de l’île, le Phaéton à bec rouge (Red Billed Tropicbird) fend les airs avec sa queue disproportionnée.
Un peu plus loin nous arrivons sur une plateforme dégagée, les Fous de Grant (Nazca Booby) y ont élu domicile, on dénombre pas moins d’une vingtaine de couples …
Vers la fin du sentier toutes les Frégates superbes (Magnificent Frigatebird) semblent s’être données rendez vous, cet oiseaux n’a pas de plumage étanche on observe parfois des individus les ailes écartées en train de se sécher au soleil.
Parmi les frégates, cachés dans un buisson, le guide nous indique la présence d’un Fou à pied rouge … ce sera le seul individu que nous pourrons observer.
… ah oui ! j’allais oublier, en arrivant sur l’ile, les guides nous amènent au plus proche des tortues de mer. Super spectacle.
Toutes les observations et photos sur birdingnotebook.
Guyacan de los Monos
C’est sur les conseils de Leon (toutequateur.com) que nous restons une nuit de plus à Puerto Lopez, nous contactons Rosendo, un guide de la réserve Machachilla, il nous amène durant une matinée entière sur le sentier Guyacan de los Monos. Hésitez pas à me contacter si vous souhaitez obtenir les coordonnées de Rosendo. La visite de la communauté débute par un parcours dans le potager de la femme de Rosendo … banane plantain, ananas, tabac, … pas vraiment le même potager que mami .. nous partons sur le sentier, comptez environ 3 heures de marche pour un trajet aller-retour. Le sentier alterne agréablement cours d’eau et foret dense pour déboucher enfin sur une clairière dans laquelle une grande plateforme a été construite, des mangeoires à colibri sont installées dans tous les coins de la plateforme. Des dizaines d’espèces s’en donnent à cœur joie.
Sur le sentier on notera la présence de Singes Hurleur (Monos signifie singe en espagnol), toutes les observations sur le sentier sur birdingnotebook.com.
Salinas
Nous poursuivons notre route en direction de Salinas, cette pointe rocheuse semble prometteuse pour le birdwatching. Les marais salants aux alentours de la ville sont classés en IBA. Finalement nous n’atteindrons jamais la pointe, le trafic dans Salinas nous décourage … tant pis pour le seawatching. Les marais salants sont également assez difficiles d accès … chemins privés, routes barrées, nous n’y trouvons rien d’intéressant. En revanche, une halte à la lagune Velasca Ibarra nous réserve de belles surprises. Nous suivons un chemin indiqué sur la carte. Le lieu n’est pas franchement aménagé et nous nous ferons déloger par la police à la tombée de la nuit (a priori à cause des fréquentations nocturnes peu recommandables). Mais une bonne heure sur le terrain nous permet d’écumer la zone. Une spatule rosée nous passe au dessus de la voiture alors que des colombes à bec jaunes sont rassemblées en nombre dans les buissons. Sur le lac au loin des centaines d’aigrettes neigeuses, sarcelles à ailes bleus, grèbes à bec bigarrés, pélicans et frégates s’agitent autour du majestueux balbuzard pêcheur.
Reserva Ecologica Manglar Churte
Pour la visite de cette réserve nous choisissons d’emprunter la route qui descend vers le village de Taura, toute la zone est marécageuse et malgré l’état de la route assez mauvais quelques haltes se révèlent fructueuses. On notera la présence de spatules rosées, du héron strié et Elanion Perle et une observation inattendue du faucon pèlerin. Toutes les observations sur birdingnotebook
La réserve dispose d’une entrée plutôt bien indiquée (voir carte), ceci dit lors de notre visite, le bâtiment d acceuil est en construction … Plusieurs bateaux partent dans la mangrove, nous restons à quai et filons vers Puerto Inca. Il nous faudra bien une heure de recherche pour enfin trouver le spot désiré. La carte en début d’article donne l’accès exact (chercher un chemin de terre sur la gauche avant d’arriver à Puerto Inca). Après deux ou trois kilomètres sur le chemin, on accède à un barrage très prolifique. Le chemin est lui même intéressant, nous y croiserons entre autres le caracara du Nord (Northern Caracara), la Buse roussâtre (Savanna Hawk) et dans la rivière qui longe le chemin des sarcidiornes à bosse (ou canard à bosse – Knob-billed Duck) et Dendrocygnes à ventre noir (Black-bellied Whistling Duck).
Sur les marais après le barrage, la spécialité du coin est bien là ! Le kamichi cornu (Horned screamer) est l’emblème du parc. Ne me demandez pas pourquoi mais on le trouve spécifiquement dans cette réserve à l’ouest des Andes et dans toute la forêt amazonienne sur la partie est du pays. Étonnant !
Toutes les observations de Puerto Inca sur birdingnotebook.com.
Ainsi s’achève la deuxième partie du voyage sur la côte Pacifique … Allez maintenant on monte ! Direction la vallée des volcans.
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