A la recherche de l'oiseau rare

Laponie ornitho : Sibérie et toundra, Pasvik et Varanger

Il est difficile de trouver le mois de l’année qui convient le mieux pour partir au confins nord de l’Europe. Au mois de mars pour observer les grands rassemblements d’Eider de Steller et d’Eider à tête grise quitte à souffrir du froid glacial et des journées écourtées. Au mois de mai pour espérer profiter des mouvements migratoires de la mer de Barents (Plongeon à bec blanc ou Labbe à longue queues). En juin ou juillet pour être certain d’avoir des moustiques mais aussi tous les oiseaux nicheurs (phalaropes, passereaux, …). C’est le mois de mai que nous choisissons et notre moyen de locomotion sera le camping car. Loué en Finlande via la compagnie Touring Cars, il nous en coutera 2500 euros pour 10 jours d’aventures partagés à 5 personnes. Cette solution reste une façon économique de voyager en Finlande et Norvège quand on sait que la Norvège est de loin le pays le plus cher d’Europe.

Trois guides de voyage nous ont permis de nous préparer:

Sur la base de tous ces guides, voici l’itinéraire que nous avons suivi:

L’idée générale était d’insister sur deux zones très réputées: la péninsule du Varanger et la vallée du Pasvik. Le varanger accueille tout au long de l’année une avifaune remarquable. Sa position avancée en mer de Barents ainsi que son climat baigné par la relative douceur du Gulf Stream en font un lieu particulièrement apprécié de nos amis ailés, notamment en période de nidification. Le Pasvik est la partie Norvégienne qui s’enfonce dans les terres le long de la frontière russe. Cette région est souvent considérée comme le début de la Sibérie.

Route Rovaniemi vers Porsanger

Ici les femelles Grand Tétras se trouvent dans les fossés au bord des routes (curieusement pas de mâles visibles durant le voyage).

Nous attérissons à Rovaniemi, l’idée est de se rendre au plus vite dans la partie norvégienne de la Laponie, une route bordée par des kilomètres carrés de pins nous attend. Quelques belles surprises sur la route notamment à Vuojarvi ou des Grands tétras et Lagopèdes des saules occupent les fossés. Nous nous rendrons compte que ces espèces sont assez communes dans la région. Le Grand tétras, espèce typiquement boréale, s’est retrouvé en petit nombre dans les régions montagneuses européennes lors du retrait des glaces après la période glacière. Aujourd’hui ses populations sont fragilisées du fait de leur isolement.

Fjord du Porsanger: Stabbursnesetp/Borselv

Le fjord du Porsanger s’étend entre les péninsules du Cap Nord et de Veidnes. Plusieurs fleuves se jettent dans ce fjord mais deux deltas (ceux de la Bohkosjoka et de la Borselva) constituent les principales zones d’intérêts.

Panneau d’interprétation à Stabbursnes – les oie naines sont bien au rendez vous
L’équipe est bien en place aussi !

Le site de Stabbursnes est classé en Réserve naturelle Ramsar, le lieux abrite durant la période de migration jusqu’à 30 000 Bécasseau Maubèches et une bonne dizaine de millers d’Eider à Duvet. C’est également un lieu très réputé pour la pêche du Saumon d’Atlantique. En ce mois de Mai, le froid est saisissant et il est accentué par un vent assez fort et une pluie/neige des plus désagréables, bienvenue en Laponie ! Malgré tout, un groupe d’Oies Naines (4) se laissent observer, cette espèce très rare (25000 à 30000 individus) est connue pour occuper le fjord durant la première quinzaine du mois de mai. Il nous faudra toutefois déployer beaucoup de patience pour la différencier des Oies des moissons (7) et autres Oie cendrée (9). Également présents dans le fjord ce jour Canard colvert (2), Canard pilet (2), Courlis corlieu (1), Grue cendrée (3), Huîtrier pie (3), Mouette pygmée (10), Mouette tridactyle (4), Sarcelle d’hiver (2), Tadorne de Belon (20) et Traquet motteux (2).

Nous repartons dans la direction de Borselv de l’autre coté du fjord ou nous passons la nuit. Soucieux de notre présence, deux personnes viennent vérifier nos intentions, nous comprenons que des pilleurs de nids d’oiseaux fréquentent régulièrement la zone (le faucon gerfaut se revend à prix d’or au moyen orient). Rassurés, nos deux visiteurs repartent après une démonstration de danse Sami !! La météo un peu plus clémente du lendemain matin nous autorise une sortie plus confortable. Une petite plateforme d’observation offre un point de vue sur les marais, le chemin continue ensuite vers un point légèrement en hauteur et tout le delta est à porté de longue vue. Depuis la plateforme d’observation Canard colvert (3), Canard pilet (2), Canard siffleur (2), Chevalier arlequin (1) et Chevalier gambette (2) cherchent leur nourriture. En remontant vers le delta par le chemin, notre présence intrigue à la fois Pluviers dorés, Pipit farlouse (6) et Traquet motteux (2). Nous installons la longue vue pour scruter le fjord, et il ne faudra pas trop de temps pour trouver une des espèces emblématiques du grand nord, le Plongeon arctique, une grande première pour chacun de nous. Le delta est rempli d’une très grande diversité et nous restons quelques heures sur place à profiter de cette ambiance nordique Barge à queue noire (10), Courlis corlieu (2), Cygne chanteur (1), Eider à duvet (80), Goéland cendré (12) et marin (2), Guillemot à miroir (3), Harelde kakawi (40), Harle bièvre (10), Harle huppé (6), Huîtrier pie (12), Macreuse brune (100), Plongeon catmarin (2) et Pygargue à queue blanche (2).

Plateforme d’observation Borselv, un parking idéal pour passer la nuit et se réveiller au son des pipits farlouses

Slettnes

71° de latitude nord, c’est le point le plus au nord que nous visiterons durant le séjour, Slettnes est d’une part un lieu de passage important pour les migrateurs de l’Arctique comme le Plongeon à bec blanc et d’autre part un lieu de nidification pour l’avifaune du grand nord comme le Labbe Parasite. La prise de conscience de l’intérêt ornithologique de ce lieu semble relativement récente puisque c’est depuis les années 90 uniquement que cette zone a été érigé en réserve naturelle par les autorités norvégiennes. Un abri pour l’observation en mer a été construit mais la vue est bien meilleure depuis le phare lui même (si la météo est favorable). La première quinzaine du mois de mai est la plus favorable pour le Plongeon à bec blanc et à peine la longue vue pointée vers la mer un spécimen de cette espèce apparait dans la houle. C’est toujours un moment unique que d’observer pour la première fois un oiseau qui nous à fait rêver dans les guides. Également dans la houle ce jour une vingtaine d’Eider à tête grise sont mêlées aux Eider à duvet. De plus, Bécasseau violet (2), Fuligule morillon (1), Goéland cendré (200), Grand Cormoran (10), Guillemot à miroir (8), Harelde kakawi (300), Harle huppé (6), Macreuse noire (300) et Pingouin torda (20) peuplent la Mer de Barents.

Labbe Parasite Sletness

Un chemin tracé dans la toundra permet de s’approcher des lagons aux alentours, ces points d’eau douce situés proche de la mer sont l’habitat de prédilection des Phalarope à bec large mais il semble que cette année, ce petit jouet mécanique ailé soit en retard, nous n’en croiserons pas un seul durant tous le séjour, la météo défavorable aura probablement retardé sa migration de l’Arctique vers la Laponie. Fort heureusement, d’autres espèces ont choisi de ne pas bouder notre présence. Dans les lagons les Plongeon imbrins (8) sont en couple. Une belle concentration de Labbe parasite (15) nicheurs ainsi que de nombreux passereaux: Bergeronnette grise (2), Grive mauvis (2), Pipit farlouse (2), Bruant des neiges (5), Bruant lapon (3) contribuent à rendre la promenade autour des lagons très agréable. Au loin, une silhouette de perdrix blanchâtre passe de rochers en rochers, c’est le Lagopède alpin !

Toudra arctique de la réserve de Sletness, terre ingrate et impression de bout du monde

Proche de l’observatoire, un groupe d’ornithos nous apprend que plusieurs Harfang des neiges ont été vus sur la route 888, un km environ après le croisement avec la route 894. Une prospection dans cette zone ne donnera rien.

Prospection infructueuse de l’harfang des neiges

Nous reprenons la route en direction de Tana Bru. Sur le trajet, notre route croise celle d’une chouette épervière, elle est postée sur une cheminée et disparait rapidement derrière une grange. Toujours sur le trajet et aux environs du village de Smalfjord deux Barge rousses et une Buse pattue méritent d’être citer.

Delta de la Tana

Le delta de la Tana est une zone relativement peuplée, l’agriculture, l’élevage de reines et l’exploitation minière sont les principales sources de richesse de la région. Nous longeons la rivière sur ses deux rives et quelques champs labourés apparaissent ici et la. Sur la rive droite du fleuve la littérature (Finding Birds in Lapland) cite la présence d’un nid de faucon gerfaut, aucune trace ce jour la à l’endroit indiqué. Il semblerait que ce nid ne soit plus occupé depuis plusieurs années.

Nous avançons vers le nord pour passer la nuit à Hoyholmen. Le mois de mai est synonyme de présence de grands rassemblements de Bécasseaux maubèches et Bécasseaux minutes, nous n’en verrons aucun lors de notre passage, en revanche, nous passons la nuit tout proche d’un nid d’Huitrier pie. Deux bonnes heures passés à la pointe de cette langue de sable nous permettent d’observer les espèces suivantes: Bécasseau variable (1), Eider à duvet (60), Garrot à oeil d’or (1), Grand Gravelot (5), Harelde kakawi (30), Harle bièvre (3), Labbe à longue queue (1), Pygargue à queue blanche (1).

De nombreux Eider à duvet passent dans le mini delta d’Hoyolmen
Vue depuis le bout de la langue de sable à Hoyholmen, en face des cabanes de pêcheur

Varanger Nord: Batsfjord/Berlevag

Buse Pattue sur la route vers Berlevag, cet oiseau sera un compagnon de voyage assez commun

La section nord de la péninsule du Varanger est un peu moins réputée que la côte Sud, mais les petits ports de pêche de Batsfjord et Berlevag peuvent accueillir un grand nombre d’oiseaux marins lorsque les bateaux rentrent avec les filets pleins. C’est le cas au village de Batsjord, des centaines de mouettes tridactyles se font la part du lion. Avant d’arriver au village, plusieurs spots attirent notre attention, la route vers Kongsfjord offre des vues intéressantes sur des lacs non gelés, une belle surprise à plus de 70° de latitude nord, la Pie-grièche grise, et peu de temps après très furtivement un Labbe à longue queue. Puis en vrac, Bergeronnette grise (4), Buse pattue (1), Canard colvert (4), Chevalier gambette (3), Garrot à oeil d’or (2), Goéland argenté (2), Oie des moissons (4), Pipit farlouse (3), Bruant des neiges (1), Pluvier doré (5) et Traquet motteux (1). Outre quelques pêcheurs sur glace, le village de Kongsfjord est habité par une belle densité d’Eider à duvet (200), Goéland brun (20), Grand Cormoran (200) et Harelde kakawi (30), 2 Canards siffleurs sont également au rendez vous. Dans la continuité de la route, le phare de Kjolnes est un beau spot de seawatching. Une quinzaine de bécasseaux violets font un va et viens incessant entre le phare et la plage et les habituels sont présents aussi (pygargue, eiders, garrots).

Le Phare de Kjolnes est un spot de seawatching intéressant, le soleil en prime !

Varanger Sud : Varangerbotn/Hamningberg

Etape 1: Varangerbotn/Nesseby/Vadso

L’Eglise de Nesseby est une Mecque pour l’ornitho en quête d’aventure boréale

Deux villes principales se situent sur la cote sud du Varanger, Vadso (6000 habitants) et Vardo (2000 habitants), nous les traverserons toutes les deux et nous irons jusqu’à Hamingberg et ses paysages lunaires. L’itinéraire débute à Varangerbotn, deux observatoires sont accessibles par un chemin situé derrière le musée Sami. Un hibou des marais, un pygargue à queue blanche et 2 tadornes de Belon viennent remplir notre carnet de voyage. Un peu plus loin, le village de Nesseby et plus particulièrement son église sont réputés pour abriter une petite population de Pouillot Boréal. Trop tôt pour nous, ils ne seront la qu’au mois de juin. De même pour les phalaropes. En revanche, nos premiers Eider de Seller sont à porté d’objectif, avec ses couleurs cet oiseaux du grand nord n’a rien à envier aux oiseaux tropicaux, Splendide ! En plus de cette espèce emblématique, une très grande diversité caractérise le lieux, la marée montante ramène vers nous des vols de plusieurs centaines de Becasseaux Maubèches, au loin, la fine silhouette de la Sterne Arctique s’oppose au vol balourd des Pygargues à queue blanche. Également dans la vasière, Barge rousse (3), Chevalier gambette (3), Grand Gravelot (5), Huîtrier pie (10) et Tournepierre à collier (2). Eiders à duvets (100), Oie des moissons (4), Guillemot à miroir (1), Harle huppé (4), Labbe parasite (1), Traquet motteux (1) et Bergeronnette grise (1) sont également présents. En plus de la population ailé, un mammifère peu commun se joint à nous lors du repas, une hermine ! A Vadso, nous faisons une halte pour balayer la baie avec la longue vue, nous comptons une trentaine d’Eider de Steller. Une promenade autour dans l’ile de Store Vadsoya ne nous apportera qu’une belle coupe de cheveux décoiffée. Le vent est assez violent aujourd’hui. La encore, le bassin d’eau douce de cette petite ile située en face de Vadso est supposé accueillir des phalaropes mais elles ne sont pas encore arrivés.

Une dizaine d’Eider de Steller se tiennent au plus proche de nous à Nesseby

Etape 2: Ekkeroy/Hornoya/Hamningberg

Les falaises d’Ekkeroy sont le théâtre d’un spectacle incroyable, 40 000 mouettes tridactyles ont décidé d’élire domicile à cet endroit. Cette falaise a le mérite d’être facile d’accès, uniquement 5 minutes à pied du parking. Le chemin n’est d’ailleurs pas sans intérêt. Des centaines de Bécasseaux Violets (500) postés sur les rochers prennent leur envol lorsque les vagues viennent s’échouer trop proches d’eux. Les mouettes tridactyles virevoltent comme des moucherons dans le ciel, la densité est si forte qu’on se demande comment ils ne se rentrent pas dedans.

Ekkeroy, des centaines de bécasseaux violets s’envolent lorsque les vagues frappent les rochers

Notre route se poursuit, une très forte densité de pygargues nous interpelle, nous apprendrons plus tard qu’une baleine s’est échouée. Plus loin, le village de Skallelv est entouré de pâturages et bordé d’une plage qui n’a rien à envier (si ce n’est la température de l’eau) à celles qu’on trouve dans les caraïbes. Ce biotope particulier abrite plusieurs espèces, les Oies de moissons (4) broutent dans les près en compagnie de quelques moutons. La température de l’eau convient au Garrot à oeil d’or (1), Harle huppé (10), Tadorne de Belon (4) et Canard Siffleur (2). Enfin Goéland cendré (10), Grand Gravelot (1), Labbe parasite (1), Lagopède des saules (1) et Pipit farlouse (1) nous accompagnent sur un chemin qui descend vers la plage (Skallelv Nord).

Un Lagopède de saules s’envole d’un poteau dans les pâturages de Skallelv
Un macareux moine isolé au nord de l’Ile d’Hornoya (proche du phare)

Il faut compter 10 minutes de Ferry pour rejoindre l’île d’Hornoya (s’adresser au port de Vardo), des navettes font l’aller-retour tous les jours. Cette île situé au large de Vardo est un parc naturel, il abrite une colonie d’oiseaux de mer immense (Pingouins torda, Guillemots de Troïl et Brunnich, Macareux moines se côtoient par milliers). Un chemin permet de monter au sommet de l’île et de découvrir l’autre versant. Un paradis pour les photographes animaliers. Il est très facile d’approcher les Pingouins tordas et guillemots pour faire de magnifiques clichés sans téléobjectifs. En vrac, Cormoran huppé (30), Eider à duvet (3), Grand Corbeau (1), Guillemot de Brünnich (20), Guillemot de Troïl (7000), Macareux moine (30), Mouette tridactyle (50), Pingouin Torda (1000), Pipit farlouse (7), Traquet motteux (2) et Bergeronnette grise (2). Pour l’anecdote, nous découvrons 3 Hirondelles rustiques au nord de l’île, les premières de l’année, sans nul doute.

Immense colonies d’oiseaux marins à Hornoya, dominée par les Guillemot de Troil

Village de pêcheurs d’avant-guerre, Hamningberg est aujourd’hui un village fantôme, la petite route qui le relie à Vardo est fermé durant l’hiver. Les paysages lunaires de cet itinéraire sont époustouflants. D’un point de vue ornitho, Hamningberg est intéressant pour le seawatching (comme tous les lieux avancés en mer). C’est pourtant sur la route elle même que nous aurons les plus belles surprises, un Faucon Emerillon laisse apparaitre sa robe bleutée dans la montagne enneigée juste en sortant de Vardo. Proche du lac de Barvikmyran Courlis corlieu (2), Labbe parasite (5), Bruant lapon (1), Plongeon catmarin (4), Pluvier doré (2), Pygargue à queue blanche (1) Bécasseau variable (1), Labbe parasite (1) et Plongeon arctique (2) sont présents. A Baikacerru deux espèces que nous n’avions pas encore vu font leur apparition, le Faucon Pèlerin et le Cincle Plongeur. Enfin à Hamningberg nous aurons la chance de voir des Eider à tête grise (10), notre seul et unique Fou de Bassan, Harelde kakawi (10), Labbe parasite (1), Macreuse noire (20) et le fidèle Traquet motteux (2).

La vallée du Pasvik

C’est en 1900 que deux ornithologistes Thomas Lange Schaaning et Johan Koren arrivent au Pasvik avec pour idée de vivre en autarcie. Durant 12 années dans la région, ils conduisent des recherches et dévoilent à la communauté scientifique l’intérêt de cette région. Chaque année de nombreux spécialistes affluent vers cette zone avec pour espoir de trouver le Bruant Nain, Pouillot Boréal, Sizerin Blanchâtre ou encore la mythique Chouette lapone. Depuis le Varanger, nous empruntons la route E6 en direction de Kirkenes.

Le début de cette route longe le fjord du Varanger par le sud: Bécassine des marais (3), Grand Gravelot (1) et une grosse densité de Pygargue à queue blanche (11) vers Nyelv. Un élan nous surprend en bord de route. Plus loin vers VaggeBusard Saint-Martin (1), Hibou des marais (4), Oie des moissons (1) et Plongeon catmarin (2).

Nous arrivons dans le Pasvik par la route 886. Nous passons la nuit sur une petite route (Fv361) situé après le village de Svanvik. Proche de la route un observatoire surplombe la rivière (un panneau indique clairement le chemin). Les oiseaux se fichent des frontières et pourtant c’est bien la Russie que nous avons en face, des miradors se dressent un peu partout de l’autre côté du fleuve. Depuis l’observatoire de Skroytnes, Mouette pygmée (12), Garrot à oeil d’or (5), Harle bièvre (20)Pinson du Nord (1), Sarcelle d’hiver (2), Buse pattue (2), Canard colvert (2), Fuligule morillon (12) et sur la route Grive mauvis (1), Hirondelle rustique (2), Lagopède des saules (2), Pipit farlouse (2), Pluvier doré (2), Pouillot fitis (2), Sizerin flammé (2), Bruant des roseaux (2), Courlis corlieu (2).

Bruant des roseaux depuis l’observatoire de Skroytnes

Toujours sur cette petite route (chercher le panneau Kirsti-Stenbakk-home – cf. carte), une chouette épervière se laisse facilement photographier et les grues cendrés occupent les jardins des maisons.

La Chouette épervière semble vivre dans des habitats similaires à ceux de la chouette chevêche
Des espèces différents apparaissent au fur et à mesure de notre avancée dans le Pasvik, ici un Gobemouche noir

Nous tentons ensuite de rejoindre les chutes de Melkefoss, un peu par chance, notre chemin s’arrête dans un lieu qui n’est pas indiqué par les guides. Birk Huski Accommodation et un centre de vacances ou il est possible de séjourner dans des cabanes en bois. Le propriétaire du lieu a installé des nichoirs et un sentier d’interprétation est aménagé pour les visiteurs. Nous contactons des espèces certes communes mais que nous n’avions pas vues au Varanger. Gobemouche noir (3) et Mésange charbonnière (1) nous prouvent que nous avons changé de biotope et le climat est bercé par une relative douceur. Toujours sur la route 885, nous passons une nuit à Kobfoss (voir carte), un chemin permet de rejoindre un bras mort du fleuve. La lumière de minuit est absolument magnifique et contribue à donner à cet endroit une impression de carte postale.

Impression de carte postale à Kobfoss, au loin un balbuzard pêcheur, une bécasse des bois nous file entre les jumelles.
Vue depuis l’observatoire de Gjokasen, ambiance boréale sauvage bercée par une douceur peu commune dans ce voyage.

Non loin de Kobfoss, plusieurs chevaliers arlequins en plumage nuptials sont rassemblés dans les marais de Skogum. Plus au sud dans la vallée, nous observons nos premiers jaseurs boréaux (6) près du camping du Pasvik. Notre présence ne semble pas trop les déranger, ils se déplacent en groupe un peu à l’image des mésanges à longue queue. Dans les champs avoisinants, des groupements de grives litornes se melent aux chevaliers aboyeurs et courlis corlieus. Un peu avant d’atteindre le village de Nyrud, un observatoire caché dans les bois (voir Gjokasen sur la carte) nous offre une ambiance de Sibérie. Toute l’avifaune typique de la région est représentée, en lisière d’étang, un Combattant varié arbore sa colerette nuptiale, les Chevaliers sylvains (2) font pale figure à coté et seul le Tétras Lyre parvient à concurrencer les couleurs qu’il porte. Cygne chanteur (1), Fuligule morillon (15), Garrot à oeil d’or (2) et Harle piette (1) partagent les eaux plus profondes avec un élan. Les passereaux ne sont pas en reste puisque Jaseur boréal (2), Mésange boréale (1), Mouette pygmée (1), Pinson du Nord (1) et Sizerin flammé (2) s’ajoutent à notre liste. Enfin, les rapaces sont également de la partie puisque Pygargue à queue blanche (2) et Hibou des marais (1) se font houspiller par les Sternes Arctiques. Il faut imaginer la scène sous une douce lumière boréale, le tout avec des températures de l’ordre de 15°C. Notre trajet retour s’entame sur cette note magique et c’est non sans regrets que nous quittons cette terre magique de Sibérie.

Jaseur Boréal sur la route en direction de Nyrud, ils se déplacent par groupe de 5 ou 6.

Retour Finlande

Notre retour au bercail repasse par le Pasvik (il n’existe pas de route qui rejoint la Finlande). En Finlande et le mont Kiilopaa proche de Kuttura est une étape idéale. Un chemin de deux ou trois kilomètres permet de faire son ascension, la vue au sommet vaut le déplacement. Au pied du mont un photographe local filme les lagopèdes des saules, au sommet ce sont des lagopèdes alpins qui nous tournent autour, ces dernières sont plus petits que leurs cousins des saules. En redescendant, un couple de Gorgebleue à miroir semble nicher dans les environs.

Lagopède des saules au mont Kiloppa, un photographe local semble avoir apprivoisé ce couple.

Conclusion

Il faut beaucoup de folie et peu être un peu de bravoure pour oser s’aventurer en terre lapone mais la récompense est d’autant plus belle, car en plus de caresser l’espoir de croiser un chouette lapone à tout moment, le froid et la solitude de Laponie apportent à l’ornithologue amoureux de la nature la sensation unique d’être le premier à fouler cette terre !

Manuel Heitz

4 Comments

  1. Papaphil

    Super reportage qui rappelle de bons souvenirs et donne envie d’y retourner. les photos pour l’illustration sont en couleur mais t’aurais du en mettre une ou deux en noir et blanc pour accentuer le coté lunaire des paysages du Varangar. Et un petit coucou à notre ami anglais qui nous a pisté au cours du voyage.
    Où c’est ton prochain trip ornitho?

  2. Sophie

    Un bien bel article, précis et bien illustré ! Merci pour ce partage !!

  3. WEIBEL Bruno

    Quel beau voyage ! et que de belles observations d’oiseaux . Pour nous qui désirons nous y rendre un guide précieux, un grand merci.

    • Manuel

      Merci Bruno, j’ai pris autant de plaisir à écrire l’article qu’a faire le voyage. Hésitez pas si besoin de précisions pour votre préparation.

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