Une semaine, voila le temps qui était consacré à ce voyage effectué du 17 au 23 septembre 2013. Le but était de visiter deux lieux hautement réputés pour les amateurs d’oiseaux. Tout d’abord, la province espagnole de l’extremadure qui offre des paysages de steppes magnifiques et qui abrite le célèbre Parc Monfragüe et dans un deuxième temps, les rives du delta du Guadalquivir en Andalousie.
Notre moyen de locomotion pour ce séjour sera aussi notre hébergement puisque nous partons avec un camping-car. Ce mode de transport présente un avantage réel puisqu’il nous permet d’être directement sur place le matin et de profiter au maximum des meilleures heures de la journée. Ceci étant voyager en camping car c’est un peu comme avoir sa carapace sur le dos, celle ci peut devenir un peu lourde et vous empêcher d’avancer. C’est ce qui nous arrivera lors du séjour puisque l’alternateur décidera d’arrêter le voyage mais nous repartirons quand même après une journée de tourisme conventionnel forcé dans la charmante ville de Càceres. Nous partons donc de Toulouse un mardi à 12h00 pour arriver sur notre premier « spot » à 2h00 du matin: Le Parc Naturel de Monfragüe.
Le Parc Naturel de Monfragüe
Nous arrivons dans le parc côté Ouest, une fois Plasencia dépassé, suivre l’autoroute EX-A1 sur quelques kilomètres puis prendre la sortie 29 (EX-389). L’arrivée dans le parc se fait de nuit, un engoulevent (espèce indéterminé) nous glisse entre les phares. Nous passons la nuit proche du premier observatoire « Portilla del Tietar » et nous nous endormons avec une atmosphère sonore chargé de beuglement d’animaux que nous n’associons pas de suite au bram du cerf.
Aux premières lueurs matinales, la falaise située face à nous révèle ses premières espèces, un groupe d’une quinzaine de vautours fauves n’ont pas encore pris leur envol. Côté rapaces, un aigle botté et deux vautours moines font leur apparition. La distance relativement faible entre la falaise et notre point d’observation autorise la réalisation de quelques clichés (avec un objectif 300mm sur Canon 600D). Plusieurs hirondelles rousselines et un martinet cafre ne tardent pas à se montrer. Comme à leur habitude, les passereaux narguent nos jumelles mais l’œil rouge de la fauvette mélanocéphale et les couleurs du bruant fou viennent s’inscrire sur notre carnet. Un peu plus tard, un monticole bleu vient se mêler aux vautours.
Nous poursuivons notre route en suivant le fleuve Tietar.
La Tajadilla
La Tajadilla est une falaise assez large (environ 200 mètres), une plateforme permet de s’arrêter et de manger sur place. La encore la réputation de Monfragüe pour les rapaces n’est pas mise à mal, un vautour percnoptère tire une pompe en compagnie de trois vautours moines et un aigle de Bonelli passe la falaise en file en direction du nord. Aux alentours du parking, les pies bleus et moineaux espagnols ne sont pas farouches et les cerfs viennent nous manger dans la main. Dans les buissons, une fauvette pitchou, une fauvette à lunette et plusieurs gobemouches gris se laissent observer.
Salto del Gitano
Après une halte au village de Villareal de San Carlos et a la fontaine « Fuente del Frances », nous arrivons en soirée au château de Monfragüe. Situé en hauteur, le château offre une vue à 360° sur le parc Monfrague et également sur la falaise du « Salto del Gitano » (même si en soirée le soleil est dans la mauvaise direction). Les thermiques sont au rendez vous et la concentration en rapaces dans cette zone est assez impressionnante. La colonie de vautours fauve de la falaise est composé d’environ 400 individus. Un aigle royal, un vautour percnoptère, un aigle botté et plusieurs vautours moines se laissent observer. Un faucon pélerin est également présent dans la falaise mais nous ne le verrons pas, seul ses cris se font entendre.
A la tombée de la nuit nous nous dirigeons vers le village de Trujillo.
Steppes de Trujillo – Càceres
Barrage de la Albuhera
Nous passons la nuit près du petit barrage de la Albuhera. Le réveil se fait au son des canards colverts qui sont nombreux dans le barrage, les canards souchets également. De nombreux limicoles sont également au rendez-vous, petits gravelots, échasses blanches, chevaliers guignettes et culblanc occupent les abords de la retenue d’eau. Les cochevis de Tekla se laissent identifier (bec court et croupion roux). Deux aigles bottés (un face claire et un sombre) et deux milans royaux survolent la zone. Des tortues (emydes lepreuses) sont sur les rochers du fond de l’étang.
Llanos de Càceres y Sierra de Fuentes
Nous reprenons la route en direction de Càceres, l’ensemble des steppes qui se situent entre Trujillo et Caceres sont d’un grand intérêt ornithologique et méritent d’être explorer. Nous faisons le choix de passer par la route du sud de la zone et nous faisons halte proche d’une ferme (spot vert de la carte). Un panneau d’interprétation nous encourage en ce sens (voir photo). De plus, le lieu est légerement surélevé ce qui permet de scanner la steppe avec la longue vue. Au loin, une outarde canepetière se laisse observer, un circaète Jean-le-Blanc et un faucon crécerelle nous démontre leurs aptitudes à la technique du vol stationnaire. Une grosse concentration de passereaux nous permet de faire quelques clichés intéressants. Pouillot véloce, Alouette calandre, Traquet motteux, Cochevis huppé, Pie-grièche méridionale, Tarier pâtre et tarier des prés se partagent ce grand espace de steppe. Quelques huppes fasciés sont en migration.
Pistes de Torrerogaz
Après un détour sur le barrage du Salor durant les heures les plus chaudes de la journée (35°C), nous arrivons au village de Torrerogaz. Plusieurs pistes partent en direction du nord, nous empruntons celle qui se situe face au bar Extremadure. Sur la gauche du chemin, des pecheurs ont tiré leurs lignes en compagnie d’une dizaine de grèbes castagneux. Un pipit rousseline suit notre convoi ainsi que la faune habituelle, cochevis, traquet et tariers. Arrivé au bout du chemin, nous scrutons la steppe dans l’espoir de voir décoller une grande outarde ou un ganga, sans succès. Tanpis, si les outardes ne sont pas ici, elles seront peut être au barrage de Guadiloba. Nous faisons cap vers cette destination plein d’espoir mais la mécanique du camping car vient briser notre engouement. Plus de batterie, alternateur cassé … allo maif … remorquage … bloqué à Caceres jusqu’au lendemain en début d’aprem.
Les plaines de l’ouest de Càceres
Los Barruecos
Nous reprenons la N-521 direction Aliseda. Nous parcourons le trajet Aliseda – Brozas en faisant une halte au niveau du pont du Rio Salor. Peu d’espèces sont présentes sur le fleuve mais la zone présente un milieu intéressant (roseraies nottament).En revanche, en cette fin d’après midi la route qui mène à Brozas s’avère très intéressante, quatre faucons crécerellettes, une pie-grièche à tête rousse et en arrivant sur Brozas une Chevêche d’Athéna s’offrent à nos jumelles. Une grosse concentration de huppes fasciés est également présente. Nous arrivons en soirée au Barrage de Brozas (spot vert de la carte).Une forte présence de canards et de grèbes castagneux (une centaine) dans ce barrage. En vrac, Chevalier guignette, Chevalier aboyeur, Héron cendré, Vanneau huppé, Petit Gravelot, Héron garde-boeufs, Grèbe huppé et Foulque macroule se partagent l’étendue d’eau.A la nuit tombée nous prenons la direction de la Albuera, village situé au sud de Badajoz.
Une série de lagunes s’étend proche du village.
Lagune de la Albuera
Les plus petites lagunes du complexe sont asséchés mais la grande lagune est pleine d’eau et d’oiseaux aussi. Une colonie de flamant rose (54) a élu domicile dans la lagune (au moins pour quelques jours). Étonnant de voir cette espèce en si grand nombre et si loin des cotes. Beaucoup de limicoles dans la zone, environ 300 Echasses blanches, Bécasseaux variables, Vanneaux huppés et chevaliers sylvains et aboyeurs fouillent la vase. Canard souchets et colverts sont en nombre équivalents (une cinquantaine), les sarcelles d’hiver ne semble pas être dérangé par la chaleur. Un busard des roseaux ratisse la zone et quatre spatules blanches se laissent observer. Les passereaux ne sont pas en reste, Traquet motteux (4), Bruant zizi (2), Cochevis huppé (2), Cochevis de Thékla (2) et Pie-grièche méridionale (1) sont au rendez-vous.Durant les heures les plus chaudes de la journée, nous faisons route vers le parc naturel de Donana, le delta du Guadalquivir.
Delta du Guadalquivir – Huelva
Nous arrivons par l’A-483 au village d’El Rocio, malheureusement, l’ensemble du parc Donana est à sec. Plus d’eau dans les bassins, donc pas d’oiseaux ! Coup dur ! Tant pis, on se console avec un peu de seawatching à la plage de Matalascana (Fou de bassan et quelques jolis clichés d’une hirondelle rousseline).
Changement de plan, direction Huelva, à 1 heure de route de Donana. La Digue Juan Carlos I longe le Rio Odiel. Le paysage associé est composé de marais salants (plus ou moins remplis selon la marée).
Digue Juan Carlos I
Une grande diversité caractérise la zone, Courlis cendré (5), Spatule blanche (4), Barge à queue noire (15), Aigrette garzette (3), Foulque macroule (2), Gallinule poule-d’eau (2), Héron cendré (1), Bécasseau variable (2), Bécasseau cocorli (3), Échasse blanche (10), Chevalier gambette (4), Chevalier aboyeur (4), Busard des roseaux (1), Flamant rose (60), Goéland brun (300) et nos premiers Oedicnème criard (4) du voyage. Nous passons la nuit dans les marais. Le lendemain matin, Bécasseaux variables (100) et Grand Gravelot (50) prennent leurs envol au grès de la marée montante. Courlis corlieu (3), Courlis cendré (150), Pluvier argenté (3), Cigogne blanche (3), Martin-pêcheur d’Europe (1), Sterne caugek (2) et Bécasseau cocorli (1) viennent taquiner objectifs et longue-vue.
Laguna del Portil
Nous nous dirigeons vers le village El Portil, une lagune située à l’entrée du village présente une étonnante diversité d’oiseaux. En vrac voici les espèces contactées, Sterne naine (1), Gallinule poule-d’eau (5), Foulque macroule (3), Flamant rose (100), Grèbe huppé (1), Grèbe castagneux (7), Nette rousse (3), Fuligule milouin (100), Canard colvert (15), Martinet noir (1), Pie-grièche méridionale (1), Rousserole Effarvate (1), Fauvette à lunettes (1), Canard chipeau (50), Canard souchet (2), Sarcelle d’hiver (4), Spatule blanche (7), Barge à queue noire (4), Ibis falcinelle (1), Buse variable (1), Échasse blanche (4) et Aigrette garzette (5).
Le trajet retour – Tablas de Daimiel – Hoces del rio Riaza – Salaburua
Il est temps de reprendre la route en direction de Madrid, nous entamons le voyage de retour et nous faisons halte au Parc national de las tablas de Daimiel (à 1 heure au sud de Madrid) ou nous passons la soirée. Bien qu’assez fréquenté en cette soirée de dimanche, le parc offre une belle diversité Aigrette garzette (50), Échasse blanche (2), Oie cendrée (30), Nette rousse (100), Foulque macroule (200), Héron cendré (2), Bihoreau gris (2), Busard des roseaux (2), Bouscarle de Cetti (1), Gobemouche noir (1), Flamant rose (10), Hibou moyen-duc (1), Grèbe huppé (1), Grèbe castagneux (1) et Canard colvert (5). Un dortoir abrite Choucas des tours (150), Grande Aigrette (6), Aigrette Garzette (50) et Grand Cormorant (50).Nous reprenons la route pour passer la nuit dans les gorges du Rio Riaza (voir carte).
p>Des gorges assez profondes entourent le Rio Riaza, les vautours fauves sont sur les falaises. Grand Corbeau (1), Hirondelle rousseline (1) et Hirondelle de rochers (10), Choucas des tours (50) et Pic épeiche (1) font parti du paysage. Côté passereaux, Bruant fou (5), Tarier pâtre (1), Tarier des prés (1), Traquet rieur (3), Pinson des arbres (20), Fauvette à tête noire (1) et Bergeronnette des ruisseaux (1) viennent s’inscrire sur nos carnets. Un Faucon crécerelle et un Épervier d’Europe se livrent à une bataille en plein ciel.
Une dernière étape clôturera ce voyage à Vitoria-Gasteiz. Le parc de Salaburua (à l’ouest de la ville) offre des observatoires permettant d’approcher les oiseaux de très prés. Intéressant pour les photos. En vrac voici les espèces rencontrées: Sarcelle d’hiver (20), Canard souchet (10), Fuligule morillon (3), Fuligule milouin (10), Canard colvert (20), Canard chipeau (10), Grèbe huppé (1), Grèbe castagneux (20), Grèbe à cou noir (3), Bécassine des marais (2), Chevalier guignette (1), Petit Gravelot (1), Grande Aigrette (4), Aigrette garzette (3), Héron cendré (2), Vanneau huppé (2), Grand Cormoran (1), Mouette rieuse (50), Goéland leucophée (4), Busard des roseaux (2) et Gobemouche noir (1).
Même si les espèces les plus emblématiques n’étaient pas au rendez vous, le plaisir de découvrir de nouveaux paysages était bien présent lors de ce voyage, et l’excitation d’une rencontre avec une Grande outarde ou un Elanion blanc nous a tenu en haleine durant tous le séjour.
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