Nous sommes en Avril 2014, en cette période printanière nous entamons un tour du Maroc, près de 2500 km nous attendent et des promesses de découvertes époustouflantes. Nous rêvons alors d’espèces emblématiques du désert, comme le Sirli du désert ou le Faucon de Barbarie. Après une bonne préparation de notre itinéraire grâce notamment aux deux ouvrages de Dave Gosney « Finding Birds in MOROCCO » et au très bon livre de Patrick et Fédora Bergier, « A Birdwatcher’s guide to Morocco » nous entamons notre voyage de 7 jours.

Le Lac de Sidi Bourhaba

A peine arrivés à Casablanca, nous filons vers le nord en direction du lac de Sidi Bourhaba. Cette réserve située en bord d’océan ne dispose pas d’un cadre idyllique (lac encaissé et servant plus ou moins de base de loisirs) mais abrite une grande diversité d’espèces et des spécimens rarissimes comme le hibou du cap … nous le chercherons en vain. A peine arrivés un Faucon hobereau se poste à quelques mètres de nous. La route qui traverse le lac au nord de la zone offre le meilleur point de vue ce jour la. Même pas besoin de sortir la longue vue pour trouver les Foulques caronculés, le couple et les petits se baignent à quelques mètres de nous dans le bassin au nord de la route. Il en va de même pour les Erismatures à tête blanches. Un couple de Fuligue nyroca est également présent sur la zone. Un unique individu de Sarcelle marbré se tient posté sur une branche morte. Pour ce qui est des espèces nicheuses Busard des roseaux (6), Foulque macroule (2), Fuligule milouin (2), Fuligule nyroca (2), Grèbe castagneux (5), Grèbe huppé (1), Héron cendré (2), Héron garde-boeufs (60), Hirondelle rustique (60), Martinet noir (2), Milan noir (15), Nette rousse (20) et Talève sultane (2) semblent occuper la zone. Une soixantaine de Spatules blanches survolent le lac en direction du nord.

Toutes les photos et les observations de Sidi Bourhaba.

Notre périple se poursuit le lendemain sur la route entre Marrakech et Ouarzazate.

Marrakech – Ouarzazate

La route entre Marrakech et Ouarzatzate traverse l’Atlas par le col du Tichka. Les forets situés au abords de cette route abritent des espèces endémiques à cette région, notamment le Pic de Levaillant. N’ayant pas un réel engouement pour ce type de milieu, nous passons rapidement notre chemin tout en profitant des paysages grandioses. Nous nous concentrons sur les spots proches de Ouarzazate.

Village typique marocain, Tamedakhte (spot rouge sur la carte) offre un environnement intéressant pour les passereaux en migration. De manière générale, la stratégie à employer pour trouver les oiseaux dans le désert consiste à s’arrêter dans les oasis. Elles offrent un abri naturel de premier ordre pour l’avifaune. La palmeraie de Tamedakhte ne déroge pas à la règle, nous nous garons prés du terrain de foot avant d’arriver au village. Notre première Ammomane isabelline se confond avec la poussière du désert, dans la palmeraie, une promenade d’environ une heure nous récompense d’une Fauvette à lunettes, une Pie-grièche à tête rousse, Bulbul des jardinsChardonneret élégant et plusieurs Cigognes blanches.

Toutes les photos et les observations de Tamedakhte.

C’est en sortant de l’Atlas que commence le désert. La petite route située entre Amerzgane et Timedilne (trajet bleue sur la carte) donne un premier aperçu des paysages de steppes rocailleuses à l’infini qui vont ponctuer la suite de notre voyage. Un premier arrêt décevant nous fait comprendre que la quête des traquets ne se fera pas sans peine. Après quelques kilomètres un Faucon de Barbarie traverse la route à quelques mètres au dessus de nos têtes. Plus loin, Traquet à tête blanche et Traquet rieur déplacent leurs plumages blancs et noirs de roches en roches et une famille de Traquet du désert nous font honneur de leur présence.

Toutes les photos et les observations autour de Amerzgane.

La journée se termine proche du barrage de Ouarzazate. Nous empruntons le chemin qui borde un des canaux qui alimente le barrage en eaux par l’ouest. Dans le sillage du courant de nombreux Guépiers de Perses (30) arborent leurs couleurs fluos et les Hirondelles Rustiques les accompagnent. Quelques limicoles sont postés sur les abords marécageux du canal, Chevalier guignette (10), Chevalier sylvain (2), Échasse blanche (4), Petit Gravelot (30). Beaucoup de passereaux profitent des arbustes pour trouver refuge, Bergeronnette printanière (2), Bulbul des jardins (2), Cochevis huppé (2), Traquet du désert (1), Traquet motteux (2), Pie-Griêche à tête rousse (1). Le niveaux du barrage étant très bas cette année, nous ne parvenons pas à atteindre ses rives mais au loin nous observons un grand nombre de Tadorne casarcas (70). Enfin dans la pénombre du retour un Engoulevent (probablement à collier roux) nous passe entre les phares de la voiture.

Toutes les photos et les observations autour de Ouarzazate

Notre route se poursuit vers le village de Boumalne Dadès.

Boumalne Dadès

L’itinéraire que nous empruntons est celui conseillé par Dave Gosney dans son guide. La plupart des espèces emblématiques du désert sont présentes. Les paysages désertiques font la part belle aux traquets, sirli et courvites. Dès que nous quittons la route principale pour emprunter la route qui mène a Izoumgane, une Alouette Bilophe arbore fièrement ses cornes de mari trompé. Le ton est donné, il faudra quelques kilomètres supplémentaires pour voir apparaitre le Sirli du désert et les deux espèces de cochevis sont la, difficile à distinguer mais le roux sur la queue du Cochevis de Tekla ne trompe pas. Sur fond de ciel une Buse féroce, un Circaète Jean-le-Blanc et deux Faucon de Barbarie seront les trois représentants des rapaces. Nous faisons halte au petit village de Imouzgane, les moineaux habituels ont laissé place aux Roselins Githagine (10). Le retour vers Boumalne Dadès se fait via les pistes (largement praticables en voiture classique). A l’intersection de la route et du chemin se dresse ce que Dave Gosney appelle le mur des traquets. Trois espèces de traquets y sont représentés, le Traquet du désert (relativement commun) et les plus rares Traquet deuil et Traquet à tête grise. Une légère erreur dans notre itinéraire nous amène vers le spot rouge sur la carte, erreur que nous ne regretterons pas puisqu’une demi douzaine de Courvites Isabelle déroulent leurs foulées de sprinters pendant un bon quart d’heure. La suite de la route sera décevante puisqu’elle se termine par une décharge à ciel ouvert en arrivant au village … dommage.

Toutes les photos et les observations autour de Boumalne Dadès

Après un bref passage dans les gorges du Todra, l’accès est compliqué car la route est en travaux et beaucoup de touristes sont présents, nous n’insisterons pas.

Rissani – à la recherche des Gangas

Outre l’intérêt touristique de la zone qui offre un accès direct aux dunes de sables, les alentours de Rissani offrent de bonnes chances pour trouver des espèces très difficiles à observer. Les Gangas en font parti. Le livre de Dave Gosney indique une palmeraie intéressante pour trouver l’Hypolais Pâle (Kasar Inghras, spot rouge sur la carte), nous nous y rendons, l’espèce est bien présente. De nombreuses Tourterelles maillés utilisent les palmiers à dattes comme reposoir. Le tenancier de l’auberge dans laquelle nous dormons le soir nous met en contact avec un guide ornitho – Brahim Gayuin. Nous avons rendez vous avec lui le lendemain pour chercher le Grand-Duc Ascalaphe. Cette espèce niche dans les falaises situés à l’ouest de Rissani (emprunter le trajet vert sur la carte). Malgré nos efforts et ceux de notre guide nous ne verrons pas le Hibou mais un couple de Faucon Lanier a élu domicile dans cette falaise et deux Ammomanes Isabellines se laissent prendre en photo. Notre guide nous amène ensuite sur une autre piste, celle des gangas (piste en bleue sur la carte). Cette fois ci, ils sont la ! Une trentaine de Gangas tachetés nous offre un spectacle inoubliable.

De Tazenakht à Zemamra

Ce qui suit décrit la seconde partie de notre voyage qui nous amène entre le Haut Atlas et l’Anti Atlas, depuis les plaines de Tazenakht jusqu’au parc national du Souss-Massa et depuis Agadir jusqu’à Zemarma en longeant la cote Atlantique. Nous quittons progressivement les plaines arides pour longer la vallée du Souss. L’Oued semble bien frêle au départ mais prend de l’ampleur au fur et à mesure de notre progression vers la cote.

Autour de Tazenakht

Soucieux de sortir des sentiers battus, nous ne nous rendons pas de suite sur le spot décrit par Dave Gosney à notre arrivée à Tazenakht. Le barrage de Taghadoute au nord du village de Tarhdoute nous semble tout indiqué pour la recherche de passereaux en migration. Sans trop de surprises nous trouvons le barrage à sec mais les arganiers et les cultures qui abordent l’Oued asséché abritent Pie-grièche à tete rousse, Pie-grièche grise, Agrobate Roux, Gobemouche noir et Serin Cini. Nous quittons les lieux satisfaits de notre détour et nous empruntons ensuite les chemins qui traversent les plaines à l’ouest de Tazenakht. Nous passons la soirée à arpenter ces chemins. Le vent trés fort et les températures plus fraiches ne nous empêchent pas de contacter notre premier couple d’Alouette de Clot-Bey et notre premier Ganga unibande. Le traquet du désert est toujours présent et une Cigogne noire en migration profite du vent favorable (direction plein nord) pour soulager son long calvaire. Nous avons bien des difficultés à identifier ce qui semble être une Ammomane élégante à la silhouette parfois arrondie par temps froid.

Aoulouz et les environs

Grosse journée en perspective, notre périple doit nous conduire le soir même sur la côte atlantique. Cette partie du voyage est probablement la plus prometteuse puisque nous longeons la vallée du Sous. Les paysages changent progressivement pour passer des steppes arides aux plaines fertiles de ce fleuve majeur pour les populations.

La première étape de la journée est consacrée aux forets d’argan. De vastes espaces sont dédiés à la culture de ce fruit. Nous nous arrêtons au hasard près du village d’Assaki avec pour espoir de croiser le chemin d’un Elanion blanc. Beaucoup de passereaux s’activent dans la fraicheur matinale. Cochevis de Thékla (2), Fauvette passerinette (1), Pie-grièche à tête rousse (2), Rougequeue de Moussier (1) et Serin cini (1) sont présents. Un peu plus loin une Buse Féroce se tient posté sur un pylône.

Toutes les photos et les observations d’Assaki.

La route qui conduit vers Aoulouz est prometteuse, sur la droite une série de falaises et d’escarpements attire notre attention. A juste titre ! Alors que nous observons un couple de pie-grièche grise, un Faucon de Barbarie surgit de la montagne avec une proie dans les serres, il se pose sur un rocher non loin de nous et nous l’observons déchiqueter la pauvre bête qui lui sert de repas.

Satisfait de cette observation, nous rejoignons le barrage d’Aoulouz, le premier accès que nous tentons est barré par des gardes. Quelques centaines de mètres plus loin, un magnifique chemin bordé de lauriers roses nous permet d’accéder au barrage. Hormis un Héron cendré et deux Tadornes casarcas, les eaux du barrages ne contiennent pas d’autres espèces. en revanche le chemin et les abords du lac abritent une belle diversité. En vrac, Bec-croisé des sapins (1), Bergeronnette des ruisseaux (1), Bergeronnette grise (1), Chevalier guignette (1), Cigogne blanche (1), Gobemouche gris (1), Gobemouche noir (1), Héron garde-boeufs (1), Mésange bleue (1), Moineau friquet (2), Pie-grièche à tête rousse (3), Pinson des arbres (4).
Toutes les photos et les observations du barrage d’Aoulouz.

En fin de matinée nous faisons une halte au village de Tafingoult. Le biotope est également constitué d’arganiers, toujours pas d’Elanion blanc mais un Aigle botté nous passe dessus, une Fauvette mélanocéphale nous suit de son regard rouge vif et nous déjeunons en compagnie d’un couple de Pie-grièche grise.

Pont sur l’Oued Massa

La fin de la journée nous amène sur le pont de l’oued Massa situé sur la Route Nationale 1. Le niveau de l’eau est assez élevé et le lieux regorge de roseraies offrant de nombreux abris à l’avifaune locale. Dans le désordre voici les espèces rencontrées: Aigrette garzette (1), Bruant striolé (2), Chardonneret élégant (2), Chevalier culblanc (1), Faucon crécerelle (1), Fauvette mélanocéphale (1), Héron pourpré (3), Hirondelle paludicole (1).

Toutes les photos et les observations du pont sur l’Oued Massa.

Aglou et environs

Nous nous réveillons sur la côte tôt le matin et de suite la fraicheur de l’océan nous saisit, la journée débute par un peu de seawatching depuis la terrasse de l’hôtel dans le petit village d’Aglou. Quelques Fous de Bassan foncent a 70 km/h la tête la première dans l’eau.

Nous prenons la route en direction de l’embouchure du Massa. Quelques kilomètres après Aglou, ce qui semble être un corvidé remue péniblement sa silhouette noire dans les airs. Une silhouette bien étrange en fait, comme une sensation de jamais vu ! Et effectivement ce n’est pas un corvidé, c’est un Ibis Chauve ! Nous nous approchons, et ce n’est pas moins de 7 individus qui se tiennent postés à quelques mètres de la route. Tellement peu farouches qu’un couple se laissera aller à quelques ébats amoureux devant nos yeux ébahis.

Toutes les photos et les observations entre Aglou et Massa.

Embouchure du Massa

L’embouchure du Massa est probablement le lieu le plus réputé du Maroc pour l’observation de l’avifaune. C’est non sans excitation que nous entamons la visite de cet endroit. A l’arrivée, une forte averse nous oblige à rester dans la voiture. Quelques minutes plus tard, le soleil revient et les passereaux sont tout aussi euphoriques que nous. En effet, le chemin qui longe le Massa entre Aït Lyass et Imallalen nous permet d’observer 19 espèces différentes dont le fameux Tchagra à tête noire, l’Agrobate roux, le Rougequeue de Moussier et Martinet pâle.

Toutes les photos et les observations du Massa à Imallalen.

Avant de rejoindre l’embouchure du Massa, notre chemin croise celui de la plage (spot bleu). Un couple de faucon crécerelle niche dans un vieil immeuble dont la construction n’est pas terminé. Un Rougequeue de Moussier arbore ses couleurs sur fond d’océan alors que les Fous de Bassan continuent de faire … les fous !

Il faut compter environ 1 heure de marche avant de rejoindre l’embouchure du Massa depuis l’entrée du parc. 1 heure sans compter les « arrêts jumelles et longue vue » et vous pouvez être sur qu’il y en aura ! Même si l’horaire de notre visite est défavorable (plein après midi), la visite s’avère intéressante. Beaucoup de passereaux peuple les friches aux abords du chemin. En vrac, Chardonneret élégant (2), Faucon crécerelle (1), Fauvette mélanocéphale (1), Héron cendré (2), Linotte mélodieuse (2), Pie bavarde (1), Tarier pâtre (1), Tchagra à tête noire (2), Traquet oreillard (2), Verdier d’Europe (1). La présence de la pie bavarde peut paraitre anecdotique mais il s’agit de la sous espèce mauritanica (dessous des yeux bleu électrique). Sur la plage au bout du chemin, la géante Sterne Caspienne nous attend en compagnie d’une vingtaine de Goéland d’AudoinGrand Gravelot (2), Gravelot à collier interrompu (3) et Chevalier guignette (1) sont également représentés.

Toutes les photos et les observations sur le chemin de l’Embouchure.

Toutes les photos et les observations à l’Embouchure du Massa.

Embouchure du Sous

La fin de journée nous conduit plus au nord à l’embouchure du Sous. Nous tentons un premier itinéraire en voiture (en bleu sur la carte). Plusieurs chemins permettent de rejoindre les abords du fleuve qui, en cette saison, forme des vasières et offre des reposoirs aux limicoles. De nombreux Grands Gravelots (150) remuent leurs petits becs dans la vase. Bécasseau maubèche (1), Bécasseau variable (3), Chevalier aboyeur (1), Huîtrier pie (20), Mouette rieuse (10), Pluvier argenté (15) sont présents dans les vasières. Un groupe d’une quarantaine de Cigognes Blanches nous survole. Le deuxième spot de la zone se situe un peu plus au nord directement dans l’embouchure du Sous. Un gros rassemblement de Sternes Hansel (150) s’envole et se repose au grès des dérangements. Une trentaine de Flamants Roses et environ 45 Spatules blanches sont également présentes. Une Sterne Caugek et un Goéland Railleur font office d’exception parmi les autres espèces présentes en grand nombre.

La remonté par la côte

Le dernier jour de notre voyage est consacré à l’exploration de la côte entre Agadir et Casablanca où notre vol nous attend pour le lendemain. Le Cap Rhir est un point d’observation généralement prolifique pour le « seawatching ». Le cap est généralement soumis à des vents violents mais la météo est plutôt clémente en ce jour de printemps. Malheureusement l’ingratitude de l’exercice prend rapidement le pas sur la motivation de découvrir une silhouette inhabituelle à l’horizon. Seul les gigantesques Fou de Bassan (100) arrivent à percer l’oculaire de notre longue vue.Notre ascension vers le Nord continue et nous amène sur l’Estuaire du Tinkert. Nous y trouvons un paysage méditerranéen avec une faune correspondante: Bergeronnette printanière (1), Cisticole des joncs (1), Fauvette mélanocéphale (2), Foulque macroule (10). Enfin les Gravelot à collier interrompu (2) prennent la pose sur la plage de galets à la grande joie de notre photographe.

Toutes les photos et les observations à l’Estuaire du Tinkert

La zone de Tamri est réputé pour accueillir la seconde colonie d’Ibis Chauve du pays et c’est avec un effort minime que nous faisons de nouveau la rencontre avec cet oiseau dont la présence nous transporte en pleine mythologie Égyptienne. 3 individus se trouvent sur le bord de la route à mi-chemin entre Tamri et Assaka. Ils rejoignent rapidement un groupe de treize adultes qui se donnent le mot pour nous offrir de magnifiques clichés.

La ville d’Essaouira attirera notre attention uniquement pour l’île de Mogador. En effet, le charme et les commerces de cette célèbre station balnéaire ne feront pas le poids face à la possibilité d’observer l’arrivée des premiers Faucon d’Éléonore (1) de la saison qui chaque année nichent par centaine sur cette ile parfaitement visible depuis la plage. Malheureusement, l’horaire inapproprié (vers 13:00) et la période de l’année (fin Avril) encore précoce jouent contre nous. Nous contactons seulement un individu. Aucune chance de voir des femelles couver: la nidification du faucon d’Éléonore a lieu bien plus tard dans l’année (Septembre à Octobre) ce qui permet à l’oiseau de profiter des passages migratoires pour se nourrir. Malgré cet échec, la visite touristique autour des remparts de la ville attendra. Nous décidons de continuer vers le nord pour explorer diverses zones marécageuses entre Oualidia et Zemamra. Ces zones sont très bien décrites par Dave Gosney.

Nous faisons très peu de haltes entre Essaouira et Oualidia sauf lorsqu’une Perdrix Gambra (1) croise notre chemin au nord de la zone indistrielle de Safi.

Les lagunes de Oualidia nous offrent la satisfaction de retrouver la densité et la variété d’espèces qu’abritent généralement les zones humides. Même si ces espèces sont relativement habituelles pour nous originaires du sud de la France, nous ne sommes pas moins satisfaits de retrouver 3 espèces de bécasseaux, Bécasseau cocorli (10), Bécasseau sanderling (4), Bécasseau variable (15), ou encore le Combattant varié (6) toujours surprenant et si difficile à identifier lorsque le mâle n’a pas encore revêtu son plumage nuptial. Parmi les échassiers, les Échasse Blanche sont bien représentés (30 individus), 2 espèces de chevalier sont présentes Chevalier arlequin (2) et Chevalier gambette (10). Parmi les autres espèces contactés, nous trouvons: Linotte mélodieuse (2), Grand Gravelot (10), Gravelot à collier interrompu (1), Pluvier argenté (15) Bergeronnette printanière (2), Bruant proyer (1), Tourterelle des bois (1), Linotte mélodieuse (2) et la seule espèce introuvable en France: la Tourterelle maillée (1).

Toutes les observations aux Lagunes de Oualidia

Le dernier point d’intérêt de notre voyage nous oblige à détourner de notre itinéraire côtier. Les lacs d’eau douce de Thine Gharbia et Zemamra font écho avec la toute première halte, également un lac d’eau douce: Sidi Boughaba. Diversité et densité résument l’ambiance de ces lacs peu profonds. Parmi les espèces remarquables, on peut noter une petite population de Glaréole à Collier (7), quelques Guifette noire (18) et Ibis falcinelle (10). Les Alouette calandre (3)virevoltent dans les champs qui bordent les lacs.

Toutes les observations à Tnine Gharbia
Toutes les observations à Zemamra

C’est peut être aussi la première fois de notre voyage que nous ressentons une certaine culpabilité lorsque nous découvrons la misère de ces deux villages. L’emplacement géographique et le caractère banal font de cette zone un endroit ignoré des touristes et nous remarquons bien dans le regard effarouché des dizaines d’enfants jouant seuls aux abords du lac qu’ils n’ont pas l’habitude de voir des Européens.

Ça ne sera pas ce malaise qui nous chassera de ce lieu que nous conseillons à tous les ornithologues. Ce ne sera pas non plus le déclin d’intérêt, ni même la fatigue ou la température qui chute. C’est tout simplement le crépuscule qui aura raison de nous. Nous quittons les lieux en regrettant de ne pas savoir arrêter le temps,… mais à quoi bon! Après tout, la magie d’un moment est intrinsèquement lié à son caractère éphémère.

Le Maroc nous aura réservé bien des surprises. C’est pour moi la deuxième fois que j’arpente les paysages arides de ce pays formidable. J’avais eu la chance de découvrir une grande partie des lieux visités au mois de Juillet 2013 au cours d’un voyage plus conventionnel. Au grand désarroi de mes compagnons de route de l’époque à qui j’aimerais rendre hommage pour leur patiente exemplaire ;), j’avais pu faire quelques observations. Du fait de mon ignorance de la faune désertique, je n’avais pas su apprécier à sa juste valeur le Moineau Blanc qui nous avait fait l’honneur de sa présence au réveil d’une nuit passée avec les nomades de l’Erg Chigaga.

Que dire de plus du Maroc si ce n’est que ce blog a uniquement l’ambition de couvrir un millième des merveilles que recèlent ce pays. Certains endroits sont encore très peu connus d’un point de vue ornithologique. C’est le cas par exemple de la route entre Amerzgane et Tata ou de la partie côtière entre Goulimime et Dakhla. Tout au long de notre voyage, les panneaux mentionnant ces villes plus au sud étaient synonymes d’un dépaysement encore plus grand. A chaque intersection, un brin de folie nous poussait à suivre ces directions mais la raison reprenait vite le dessus et ces deux mots résonnaient systématiquement dans la voiture: « Nous reviendrons! ».